Reportage à la ferme
A la recherche d’inspiration pour un des prochains concours photo organisé par la Fédération Photographique de France, j’ai pris contact avec Roselyne, femme d’agriculteur et collègue de travail (et oui, deux boulots comme malheureusement beaucoup de femme dans son cas), pour réaliser un reportage sur les femmes à la ferme.
Camille, la fille ainée de la famille, me sert de guide dans ses activités à la ferme. Malgré l’environnement difficile, ce petit bout de femme coriace et énergique mène tambour battant toute une batterie d’activités que je serai bien incapable de réaliser.
Mais à peine la traite démarrée, un évènement imprévu m’a détourné de son objectif premier.
Dans la fraicheur de cette fin de journée, Jérôme, éleveur expérimenté surnommé le « cascadeur » pour sa dextérité et son sang-froid face aux situations les plus périlleuses (mais surtout pour son nombre incalculable de bobos en tous genres), se trouve face à un défi de poids. Ophélia, sa vache prim’holstein de plus de 500kg et au numéro distinctif 8751, montre des signes évidents de travail. Mais quelque chose semble clocher. Malgré ses gémissements et ses efforts visibles, elle résiste obstinément à l’aide que Jérôme tente de lui apporter.
Avec une patience et une expérience acquises au fil des années, Jérôme saisit fermement un licol et l’enfile autour du cou d’Ophélia. Il fait preuve d’une grande douceur pour éviter de l’effrayer davantage ou de causer des blessures. Le licol est non seulement un moyen de contrôle, mais aussi un outil pour guider et soutenir la vache pendant les moments les plus critiques du travail.
Alors que Jérôme ajuste le licol, il observe attentivement les réactions d’Ophélia. La vache, bien que toujours tendue, semble légèrement apaisée par la présence et les gestes réconfortants de l’éleveur. C’est un petit pas en avant, mais dans le monde de l’élevage, chaque avancée compte, surtout dans des situations aussi stressantes.
A peine la poche des eaux percée que Jérôme semble vraiment contrarié.
Malgré les efforts déployés pour passer le licol et stabiliser la situation, une complication inattendue survient : la tête du veau est coincée dans le pis de sa mère. Saisissant son courage à deux mains, Jérôme entreprend une manœuvre délicate. D’abord avec sa main gauche, puis avec sa main droite, il tente avec précaution de dégager la tête du petit. Chaque seconde compte, tandis que l’éleveur applique une pression énergique et ferme pour réaligner le veau.
Les secondes s’étirent en de très longues minutes, et la tension dans l’étable est vraiment palpable. Finalement, après ce qui semble être une éternité, Ophélia commence à progresser. Après un effort acharné, Jérôme parvient à remettre la tête du veau dans le bon positionnement. Soulagé mais pas encore hors de danger, il saisit sa vêleuse, un outil spécialement conçu pour aider à la naissance en cas de difficultés. Avec habileté et expérience, il utilise l’appareil pour faciliter le passage du veau à travers le canal de naissance.
Après quelques instants de tension palpable, un petit cri retentit dans l’étable. Le veau est né, une magnifique génisse qui sera prénommée Viviane en l’honneur de la victoire sur les obstacles. Elle porte fièrement le numéro 9010, symbole de sa nouvelle vie et de son début dans l’élevage de Jérôme.
Essoufflé mais soulagé, Jérôme ne peut s’empêcher de sourire. Encore une fois, il a surmonté les embûches de la vie d’agriculteur, grâce à son expertise et à sa persévérance.
Viviane, avec son numéro 9010, est le témoignage vivant de sa persévérance et de son amour pour son métier. Et même si la vie d’agriculteur est semée d’embûches, les moments comme celui-ci lui rappellent pourquoi il a choisi cette voie et lui donnent la force de continuer.
Alors que la ferme retrouve peu à peu son calme, je sais que cette journée restera gravée dans ma mémoire. Je n’aurai pas réalisé le projet prévu mais l’expérience fut émouvante et, de toute façon, ce n’est que partie remise.
Très bien raconté une belle page journalistique qui peut être mise en fédé !!!
Super reportage !
Ça peut te faire une belle série en concours.
bravo Laurent pour ce reportage – émouvant et raconté avec beaucoup de talent !
Trés beau reportage et belle série sur ce beau métier
Excellent reportage , bravo Laurent !